Decrypt: mementos pour un 2 août
RadioOkapi 2 août 1998-2 août 2008, le Rassemblement congolais pour la démocratie, RCD, totalise 10 ans ce samedi. A cette occasion, son président national a animé une conférence politique à Kinshasa. Pour Azarias Ruberwa, le gouvernement Gizenga a déçu. Il vaut moins que le 1+4 de la transition et doit par conséquent être changé.
Remaniement ! Remaniement !
Marier les affaires siniques et la sécurité
Décryptage du 6 février 2008 Mercredi des Cendres. Temps de carême, temps de
méditation. Cela commence par le rappel qu’ on est poussière et qu’ on retournera à la poussière. De quoi calmer les ardeurs triomphalistes et populistes d’ adeptes supermans aux dollars
magiques et qu’ ils se rappellent que d’ autres libérateurs pourchassés par des contre-libérateurs. Un 2 août.
Décembre 2007 B. Bernard Aux heures de gloire de l' Empire romain, un esclave susurrait à l'oreille du général victorieux afin
de lui rappeler sa "condition humaine": "Memento te hominem esse" ("Souviens-toi que tu n'es qu'un homme"). Certains donnent cette variante :
"Respice post te, hominem te esse memento", soit : "Regarde autour de toi, et souviens toi que tu n'es qu'un homme" ; ce qui revient au même.
Selon le Dictionnaire de l'Antiquité (Université d'Oxford - Éditions robert Laffont, Coll. Bouquins), "le triomphateur, richement vêtu et couronné de lauriers, traversait la ville, monté sur
un char attelé de quatre chevaux blancs, un esclave à ses côtés lui murmurant des phrases telles « rappelle-toi que tu es mortel » afin de conjurer les conséquences négatives qu'un tel succès
pouvait entraîner". Il y aurait également cette autre fameuse phrase : Souviens-toi que le Capitole (le Temple de Jupiter capitolin où il
offrirait sa couronne de laurier aux dieux) est proche de la Roche Tarpéienne (falaise d'où étaient précipités les condamnés à mort) qui était
murmurée au triomphateur.
Quant à la formule "Souviens-toi, homme, tu es poussière et que tu retourneras à la poussière" - en latin : "Memento, homo, quia pulvis es et in pulverem reverteris" ), ce sont les paroles que prononcent les prêtres
catholiques lors de l'imposition des cendres à l'office du Mercredi des Cendres (au début du Carême, le lendemain du Mardi-Gras). Elles rappellent la malédiction d'Adam, quand il fut chassé
par Dieu du Paradis terrestre : "Tu mangeras ton pain à la sueur de front jusqu'à ce tu retournes à la terre d'où tu as été tiré, car tu es poussière et tu retourneras en poussière" (Genèse,
3 : 19).
Août 2002 La 31ème semaine écoulée au
cher Grand, Beau et Riche Pays M. Yabili Ce dimanche 2 août 1998, Lubumbashi s'apprêtait à accueillir Mzee Kabila qui devait être rejoint par plusieurs autres
chefs d' Etat. La ville avait été astiquée, le Théâtre de la Ville remis à neuf, y compris les toilettes! Plusieurs villas du quartier présidentiel avaient reçu des meubles transportés par
avion. Toute la nuit, on avait remis une couche de bitume sur les avenues que devaient emprunter les cortèges des officiels.
Mais l' évènement à célébrer était gardé jalousement secret. A l' Hôtel de Ville, des chorales répétaient des cantiques. On murmurait que le Mzee allait convoler en justes noces. Peut être
avec la chanteuse Tshala Mwana. Les grands arbres avaient été élagués pour des raisons de sécurité, sans se douter que l' insécurité aller surgir d' ailleurs. Soudain, le service du protocole
renvoya toutes les limousines d'appoint prêtées par les entreprises. Quelque chose de grave se passait à Kinshasa. Tout fut annulé. La soirée du 2 août se termina dans le surréalisme. La
télévision montra un Kabila souriant, accueillant deux groupes d' investisseurs miniers. Comme si de rien n'était.
Quelques semaines plus tôt, le Mzee s'était rendu à la Havane. Il écourta sa visite et ses souvenirs du maquis avec le Che, en 1965. On dit qu' il avait été informé de l'imminence d' un
complot de ses parrains et alliés rwandais. De retour à Kin, il limogea James Kabarebe son Tutsi de chef d' Etat Major, et remercia ( c'est-à-dire renvoya) tous les soldats rwandais. Notre
Nehru national, Victor Mpoyo lit une déclaration qui demandait au peuple congolais de " pardonner aux Rwandais" tous les maux et sévices causés par ces anciens compagnons de la longue marche
de libération.
Tshisekedi et tous ceux qui dénonçaient la présence de troupes étrangères et la présence dans l'arène du pouvoir de " congolais de nationalité douteuse" ont exulté. Ce sont eux qui, des
années durant, avaient semé la haine envers les Tutsis. Surtout lorsque le Mzee a concocté un projet de constitution qui accordait généreusement la nationalité aux Tutsis congolais. Haute
trahison. Mais lorsque, les larmes aux yeux, Yerodia ( pour une fois désarmé de son Havane) a demandé au peuple de défendre le Bas-Congo et Kinshasa jusqu' à " écraser les envahisseurs comme
on le ferait avec des insectes, des vermines", Tshisekedi et les autres ont vite rejoint la blanchisserie internationale en appuyant la plainte et l'instruction belge pour incitation au
génocide ... Mais cela est une autre histoire qui mènera au T.P.I de La Haye et au rétrécissement de la compétence pénale universelle belge.
Ce dimanche 2 août 1998, aucun des mentors Tutsi ne se trouvait à Kinshasa. Tous évaporés, car ils étaient au courant des nouveaux évènements. A Lubumbashi, le premier premier ministre de la
démocratisation mobutienne, Lunda Bululu s'apprêtait à franchir la frontière pour, disait-il, une visite de famille. Il était au courant. De la Zambie, il rejoignit les conjurés à Goma. Car
peu après, des passagers en transit à l'aéroport de Lusaka aperçurent sur le tarmac de l' aéroport de Lusaka un 707 de la compagnie CAL, bourré de soldats rwandais. La Zambie était aussi au
courant. C'est l'avion saisi à Goma qui a été utilisé pour le raid à l'israélienne sur la base de Kitona, sur la côte atlantique. Dans sa sagesse légendaire, Mandela enverra des avions sud
africains rapatrier des centaines de soldats tanzaniens qui servaient dans l'armée congolaise à Kinshasa, afin qu'ils ne puissent pas défendre la ville. Lui aussi était au courant.
Seul Mugabe osera envoyer ses troupes d' élites. Celles que Washington venait de commencer d' entraîner en vue de constituer une force panafricaine d' intervention en cas de rébellions
armées. Mais le Congo ne servira pas de premier exercice de la nouvelle doctrine américaine. Des marines-africains auront donc sauvé " ce bouffon, ce nouveau roi Ubu, ce lumumbiste
paléolithique"? Quel crime impardonnable! Mugabe a été honni, happé et hâché jusqu' à être accusé de rage, parce qu' on l'a enragé au point de morde ses Blancs et l' Occident, et ensuite sa
propre population. Les malheurs du Zimbabwe viennent du Congo. On se plaît à dire que l'ancienne Rhodésie du Sud pille l' ancien Congo Belge. On ne dit pas que les autres pilleurs patentés
ont engrangé des croissances économiques. Au contraire du Rwanda et de l' Ouganda, dopés par le pillage, le Zimbabwe n'a cessé de saigner économiquement au fur et à mesure que la terre
congolaise s' ensanglantait. Où est la vérité?
Tous étaient donc au courant. Sauf que, tel une mauvaise herbe, le Mzee aura survécu au feu de brousse. Car depuis des temps antiques, les congolais ont de drôles de relations avec le temps.
Ils ont parié que l' horloge du pouvoir à Kin serait remise à l' heure en quelques jours. Deux semaines tout au plus. Simple formalité. Simple opération chirurgicale.
Quatre années plus tard, le Mzee avait rejoint deux millions et demi de morts (*). Une simple formalité.
(*) portés, en 2008 à 5 millions